Les déchets dangereux en Île-de-France Données 2020

20 novembre 2023ContactORDIF (Observatoire régional des déchets d'Île-de-France)

761 461 tonnes de déchets dangereux ont été collectées en Île-de-France en 2020. 42% proviennent directement ou indirectement des ménages, 26% du bâtiment et travaux publics et 32% des autres activités économiques. 

Près de 300 000 tonnes de déchets dangereux franciliens sont traitées en dehors de la région, les installations d’Île-de-France couvrent 61% des besoins. Les installations franciliennes traitent 714 000 t de déchets dangereux dont 38% (284 158 t) provenant d’autres régions. Cette forte proportion d’imports-exports est le signe de la mutualisation des installations dédiées entre les régions. 

La moitié des déchets dangereux est orientée vers des filières recherchant une valorisation. Le principal mode de traitement des déchets dangereux reste la mise en décharge. 39% des déchets dangereux sont traités en Installations de stockage dédiées ou mines de sel. Il s’agit majoritairement de résidus de traitement de fumées d’incinération des ordures ménagères. 

Cette notice fait partie d’une publication en trois volumes selon la nature des déchets (inertes, non dangereux, dangereux). 

QU’EST-CE QU’UN DÉCHET DANGEREUX ? 

Les "déchets dangereux" sont définis à la Directive 2008/98/CE du 19 novembre 2008 relative aux déchets modifée comme ceux qui présentent "une ou plusieurs des propriétés dangereuses" et sont numérotés de HP1 à HP15 ("Hazardous waste Property") afin de spécifier leur caractère explosif, toxique, corrosif, infectieux, mutagène ou encore écotoxique. 

ORIGINE DES DÉCHETS DANGEREUX 

Les déchets dangereux collectés en Île-de-France en 2020 peuvent être classés en fonction de leurs producteurs ou origine : les ménages et assimilés (42%), le secteur du bâtiment et travaux publics (26%), les autres activités économiques (32%). 

Les flux ménagers captés en Île-de-France se composent principalement des résidus d'épuration des fumées d'incinération des ordures ménagères (REFIOM, 14%), des déchets d'équipement électriques et électroniques (DEEE, 14%) et des véhicules hors d'usage (VHU, 11%). Les déchets dangereux diffus produits par les ménages ne représentent que 2%. 

Cependant on estime que moins de la moitié de ces déchets sont captés (de même pour les petits appareils). 

Les déchets dangereux des activités économiques hors BTP présentent une grande variété de natures. 

Le secteur du BTP produit notamment de l'amiante (12%) et des terres excavées polluées dangereuses (11%). 

Ces données ne comprennent pas d'estimation des filières illégales (trafics, rejets dans les eaux usées ou l’environnement...). 

LES DÉCHETS DANGEREUX PRODUITS PAR LES MÉNAGES 

Les déchets dangereux provenant directement ou indirectement des ménages relèvent de quatre grandes natures. 

Les déchets d'équipements électriques et électroniques (31%) ménagers collectés ont fortement augmenté depuis 10 ans (x4), mais cela traduit surtout une meilleure qualité de la traçabilité auprès des repreneurs professionnels (ferrailleurs...). 

Les quantités de véhicules hors d'usage (25%) pris en charge ont baissées d'un tiers sur la période, une variation à prendre avec prudence du fait d'un rapportage déclaratif inégal selon les centres de broyage. 

Plus de 100 000 tonnes de Résidus d'Épuration des Fumées d'Incinération des Ordures Ménagères (REFIOM 31%) sont produits chaque année. Le traitement chimique des fumées visant à réduire la pollution (dioxines, acides, métaux lourds,...) fait intervenir des réactifs neutralisant (poudre de chaux ou bicarbonate de sodium, lait de chaux ou soude). Ces procédés génèrent des produits résiduels, composés de cendres volantes, résidus de neutralisation des fumées, gâteaux de filtration des eaux de lavage des fumées, et les cendres sous chaudière. 

La production de déchets dangereux diffus (6%) des ménages est stable sur 10 ans. Cependant on estime que moins de la moitié de ces déchets est captée. La mise en place de la filière à responsabilité des producteurs dite DDS (déchets diffus spécifiques) en 2014 n'a pas influé sur les tonnages captés. 

LES DÉCHETS DANGEREUX PRODUITS PAR LES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES 

Les principaux flux en 2020 sont les accumulateurs au plomb (19%), les déchets de soin des professionnels de santé (DASRI 10%), les déchets liquides (9%), les solvants usés (11%) et les boues et pâteux (8%) et les huiles usagées (8%) 

Beaucoup de flux de déchets dangereux des activités ont connu une forte diminution en 2020 du fait de la crise du COVID. Les déchets de soin des professionnels de santé n'ont pas parallèlement augmenté de manière significative. 

En évolution, on observe une augmentation des eaux de lavage industrielles de l'industrie chimique entre 2012 et 2016 puis une stabilisation (5% en 2020). Les déchets d’appareils professionnels augmentent en 2012 et 2013 puis connaissent un fort pic en 2018 (déstockage d'écrans cathodiques), mais retombent à 1% en 2020 (DEEE). Les solvants usés (11%) et les boues et pâteux (8%) ont baissé de plus de 35% sur dix ans. Les accumulateurs au plomb ont connu une forte baisse depuis 18 pour atteindre ‒56% par rapport à 2010 (19% en 2020). 

LES DÉCHETS DANGEREUX PRODUITS PAR LE SECTEUR DU BTP 

Les déchets dangereux tracés venant du BTP atteignent 200 000 tonnes en 2020. Cependant, certains déchets comme les emballages classés dangereux ne sont aujourd'hui pas distingués des emballages des autres activités économiques. 

Les quantités annuelles des terres dangereuses (43% en 2020) sont très variables suivant les années. Une tendance de long terme à la baisse semble cependant se dessiner. 

Les déchets amiantés sont collectés par les entreprises spécialisées en désamiantage et les prestataires déchets. Les tonnages ont presque quadruplé en 10 ans, en partie en raison de la prise en compte des matériaux inertes liés à l'amiante. 

10% sont d'autres déchets dangereux du BTP et issus de travaux spécifiques comme les dragages (boues), le décapage d’enrobés (goudrons), la démolition industrielle (transformateur au PCB), et l’entretien de voies ferrées (ballast pollués) collectés par des moyens spécialisés. Ils ont doublé en 10 ans. 

DESTINATION GÉOGRAPHIQUE DES DÉCHETS DANGEREUX FRANCILIENS 

Plus de 60% des déchets dangereux produits en Île-de-France sont traités dans la région. 

Certains sont traités en Île-de-France à plus de 8 % : déchets d’activité de soin (D SRI), déchets amiantés, véhicules hors d’usage (VHU)... D'autres sont exportés massivement : accumulateurs au plomb, huiles, solvants... 

Plusieurs flux sont significativement traités en Île-de-France mais de forts tonnages sont néanmoins exportés : terres, appareils (DEEE), résidus de traitement de fumées (REFIOM). 

Les véhicules hors d'usage (VHU) sont traités en région, mais c'est une première étape (dépollution, démantèlement, broyage) avant d’autres traitements qui peuvent être distants. 

TRAITEMENT DES DÉCHETS DANGEREUX PRODUITS EN ÎLE-DE-FRANCE 

Près de 300 000 tonnes (39%) des déchets dangereux franciliens sont enfouis, principalement en installations de stockage de déchets dangereux (ISDD). Il s’agit essentiellement des résidus de fumées d’incinération (REFIOM) et de déchets du BTP (amiante, terres,…). 

La moitié des déchets dangereux est orientée vers des filières permettant une valorisation matière (recyclage) ou énergétique (réutilisation de chaleur produite par la combustion), avec des rendements variables. 

IMPORT DES DÉCHETS DANGEREUX EN ÎLE-DE-FRANCE, ORIGINE DES DÉCHETS 

Les installations franciliennes de traitement des déchets dangereux ont reçu 

284 158 tonnes ( 8%) provenant d’autres régions. 

C’est en particulier le cas des installations de stockage de déchets dangereux ( 5% d’import) et du traitement thermique (les trois quarts des flux sont importés). Ces installations sont ainsi des exutoires mutualisés entre les régions. 

La région importe peu de déchets d’appareils (DEEE), de véhicules hors d’usage (VHU) ou de déchets d’activité de soin. 

Cette étude est reliée à la catégorie :
Déchets d'activités économiques

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