Le compostage partagé, qu’il soit de quartier ou en pied d’immeuble, repose sur une aire collective composée de trois bacs (biodéchets, structurant, maturation).
Il permet aux habitants de déposer leurs déchets alimentaires près de leur domicile.

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Septembre 2025 Sanoussy Kaba, Audryna Vesta
En 2015, la loi demandait aux collectivités de mettre progressivement en place le tri des déchets alimentaires et leur donnait 10 ans pour sa généralisation. L’échéance passée depuis un an, l'ORDIF, département des Déchets de L’Institut Paris Region a interrogé les collectivités pour faire un état des lieux du tri en Île-de-France.
Au 1er janvier 2025, les collectivités déclarent que 2,7 millions des Franciliens bénéficient d’une solution de tri à la source des déchets alimentaires, soit environ 22% de la population régionale.
Deux grandes solutions de tri sont proposées : la collecte séparée et le compostage de proximité.
De manière générale, le compostage désigne le processus de transformation, en présence d’oxygène et d’eau, de déchets organiques par l’action de micro-organismes (champignon microscopiques, bactéries, etc.) en un produit comparable à l’humus, valorisable en agriculture et en jardinage : le compost. Ce mode de traitement se déploie à un niveau industriel, notamment pour les déchets de jardins (déchets verts). Mais il a aussi la particularité de pouvoir être développé à un niveau individuel ou à très petite échelle (quartier, immeuble...). On parle alors de compostage de proximité.
Le compostage domestique ou individuel consiste, pour un foyer, à composter ses propres biodéchets (déchets verts, déchets de cuisine…). En Île-de-France, cette pratique concerne 5% de la population, soit 658 485 habitants selon les déclarations des collectivités. Ce chiffre ne prend pas en compte le compostage domestique issu d’initiatives personnelles en dehors des démarches des collectivités pour développer cette pratique (distribution de composteurs, animations, etc.).
Le compostage partagé, qu’il soit de quartier ou en pied d’immeuble, repose sur une aire collective composée de trois bacs (biodéchets, structurant, maturation).
Il permet aux habitants de déposer leurs déchets alimentaires près de leur domicile.
La collecte séparée (ou sélective), consiste à collecter chaque type de flux trié (bouteilles en verre, emballages, déchets verts, déchets alimentaires, etc.) et les transporter vers une filière de valorisation dédiée.
Pour les déchets alimentaires, il s’agit très majoritairement de la filière méthanisation : production de gaz naturel par fermentation des biodéchets.
Ainsi, par compostage de proximité ou collecte séparée, environ 22 % de la population francilienne, soit 2,7 millions d’habitants, disposent d’une solution de tri à la source des déchets alimentaires aux dires des collectivités.
Les collectivités prévoient une montée en puissance dans les prochaines années (62% en 2028, 73% en 2031). Plus de la moitié des Franciliens resteront néanmoins non desservis jusqu’en 2027.
Le territoire de la métropole du Grand Paris (composé par douze établissements publics territoriaux) bénéficie d’un taux d’habitant desservis par une solution de tri de 29%, deux fois supérieurs aux territoires de grande couronne (14%).
Malgré une couverture encore faible, les tonnages de biodéchets collectés par les collectivités progressent rapidement. Entre 2023 et 2024, les volumes collectés ont augmenté de 47%, atteignant près de 19 000 tonnes.
Les tonnages collectés proviennent à la fois des gros producteurs et des ménages. En 2023, on compte 9 collectivités assurant la collecte auprès des ménages contre 15 pour les gros producteurs. On observe une dynamique positive du côté des ménages car leur part dans les tonnages collectés est en nette progression. Alors qu’elle représentait 21% en 2022, elle atteint 36% en 2023.
Au total, près de 1,9 millions d’habitants, soit 15% de la population francilienne ont accès à la collecte séparée des déchets alimentaires.
La collecte peut être organisée en point d’apport volontaire (PAV), via des conteneurs fixes (11% de la population), ou par une desserte de chaque habitat individuel ou immeuble en porte-à-porte (PAP), grâce à des bacs individuels ou partagés (4%).
En 2024, plus de 4 400 sites de compostage de proximité ont été recensés, principalement en pied d’immeuble (pour 1% des franciliens). Près de 658 000 habitants, notamment en grande couronne, ont accès à un composteur individuel fourni par leur collectivité, soit 5% de la population régionale.
Les collectivités Franciliennes déploient diverses solutions de tri à la source des biodéchets. Leur répartition hétérogène, se concentre principalement au sein des EPT, c’est-à-dire dans les zones à forte densité de population. Cette répartition est illustrée sur la carte ci-dessous.
Le gisement des biodéchets est divisé en trois catégories : le gaspillage alimentaire, les déchets alimentaires et les déchets verts.
Le gaspillage alimentaire est défini comme toute nourriture destinée à la consommation humaine, qui, à une étape de la chaine alimentaire, est perdue, jetée ou dégradée. On estime le gaspillage alimentaire à environ 24 kg par habitant chaque année. À l’échelle des foyers franciliens, cela pèse lourd : ça représente près de 290 000 tonnes par an, soit environ 30% du gisement total du gaspillage alimentaire ménager.
Les déchets alimentaires, c’est-à-dire les restes de préparation épluchures, coquilles d’œufs ou marc de café, ne peuvent être évités mais peuvent être valorisés. En Île-de-France, ils pèsent environ 520 000 tonnes chaque année, soit 42 kg par habitant.
Les déchets verts, tontes de pelouse, tailles de haies, branchages, représentent encore une part importante des déchets résiduels : environ 170 000 tonnes par an, soit 14 kg par habitant. Cependant 350 000 tonnes de déchets verts sont déjà collectées séparément chaque année et orientées vers le compostage industriel, soit un taux de captage de 67%.
Sur les 520 000 tonnes de déchets alimentaires encore présentes dans les ordures ménagères résiduelles, seuls 3,6 % (19 000t), sont donc actuellement captées. Ce chiffre, très bas, s’explique d’une part par le retard accumulé dans la mise en place effective du tri à la source, et d’autre part par la difficulté des usagers à s’approprier ce nouveau geste, encore peu ancré dans les habitudes dans le contexte particulier d’une densité très forte.
Pour rappel, le tri des emballages ménagers en place depuis 30 ans présente des performances encore très basses et peu évolutives. Depuis le lancement de l’objectif de généralisation progressive du tri à la source des déchets alimentaires en 2015, malgré une forte accélération après l’échéance de 2024, la dynamique semble en deçà de cette des emballages ménagers. Ces tendances ne paraissent pas de nature à réduire massivement les déchets recyclables dans les ordures ménagères résiduelles.
Chaque année, l’ORDIF réalise une enquête détaillée sur les Déchets Ménagers et Assimilés (DMA) auprès des collectivités. Le recueil de ses données poursuit trois objectifs :
L’an dernier, dans le cadre d’une démarche nationale, l’ORDIF a mené pour la première fois une enquête spécifique dédiée au tri à la source des biodéchets en Île-de-France. Cette première édition, réalisée en 2024, a permis d’établir un premier état de lieux des actions mises en œuvre par les collectivités, sans toutefois mesurer la part des populations réellement desservies. L’évaluation des habitants desservis a ainsi été intégrée dans l’enquête 2025.
Pour approfondir sur les biodéchets
Des méthodes d’estimations standardisées à construire
Les collectivités territoriales ont recours à un ensemble de méthodes de calcul hétérogènes pour l’élaboration de leurs données.
Dans un souci de comparabilité des différentes déclarations des collectivités, des méthodes de calcul dites « harmonisée » ont été appliquées.
Ces méthodes reposent sur des indicateurs standards permettant d’estimer la population desservie en fonction des types d’équipement :
À noter : en zone rurale, un point d’apport volontaire (PAV) dessert 250 habitants au maximum. En revanche, en zone urbaine, un point d’apport volontaire (PAV) peut être utilisé par l’ensemble des habitants situés dans un rayon de 500 mètres. Dans ce contexte, l’ORDIF estime qu’un rayon de 500 mètres en zone urbaine correspond en moyenne à 500 habitants.
L’analyse met ainsi en lumière des écarts considérables entre les données déclaratives des collectivités et les données corrigées. Par exemple, le taux de couverture de la population Francilienne, passe de 22% à 16% après correction des données, soit une baisse de 2,7 à 2 millions d’habitants.
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